PRINCIPAUX RÉSULTATS
- Le Cadre intégré renforcé (CIR) a contribué à l'obtention de bons résultats à l'exportation par l'intermédiaire du Centre des exportations et du commerce du Malawi.
- Il a également joué un rôle de catalyseur dans le soutien apporté aux petits exploitants agricoles au niveau national et au niveau des bénéficiaires, en collaborant avec l'Association nationale des petits exploitants agricoles du Malawi (NASFAM) et en soutenant la production et l'exportation de soja et d'arachides.
- L'accroissement des échanges contribue à la réduction de la pauvreté parmi les petits exploitants agricoles.
En tant que pays moins avancé (PMA) sans littoral, le Malawi dépend en grande partie des transports terrestres pour ses importations et exportations de marchandises. De ce fait, les coûts de transit sont élevés, ce qui limite l'évolution économique du pays et sa capacité de soutenir la concurrence sur les marchés régionaux et internationaux. Le renforcement de l'architecture commerciale du pays renferme d'immenses possibilités en vue d'améliorer les conditions de vie des 51% de Malawiens qui vivent dans une pauvreté persistante.
L'économie du Malawi, dont la population est estimée à 19,3 millions d'habitants, dépend de l'agriculture, un secteur qui contribue au produit intérieur brut à hauteur de 31%, emploie 76% de la main-d'œuvre et représente aux alentours de 90% des recettes d'exportation. Cependant, du fait de la vulnérabilité du pays aux aléas climatiques, comme les sécheresses provoquées par El Niño en 2015 et 2016, les inondations entraînées par le cyclone Idai en 2019 et le cyclone Freddy en mars 2023, ainsi que les vagues de chaleur et leurs conséquences dévastatrices sur l'agriculture et les infrastructures, il est nécessaire d'accroître l'investissement et la diversification économiques pour insuffler un élan à la réalisation des Objectifs de développement durable.
Le soutien du CIR au Malawi a commencé en 2012. Le gouvernement malawien, par l'intermédiaire du Ministère de l'industrie et du commerce (MTI), souhaitait recourir au partenariat du CIR pour libérer le potentiel commercial latent du pays au moyen d'un soutien ciblé dans trois domaines stratégiques: i) le renforcement des capacités du MTI en matière d'élaboration des politiques et stratégies commerciales, et de participation aux activités de l'Organisation mondiale du commerce et aux accords commerciaux régionaux; ii) la résolution des problèmes rencontrés par les petits exploitants agricoles dans le domaine du commerce; et iii) un soutien au Centre de l'investissement et du commerce du Malawi (MITC) en matière de promotion des exportations et des investissements pour le secteur agroalimentaire, consistant par exemple à collaborer avec la Banque mondiale afin de jeter les bases d'une zone économique spéciale de transformation agroalimentaire.
Le programme a tenu compte de l'importance de l'agriculture pour l'économie nationale et visait à traiter directement quatre déficiences dans ce domaine: la faible productivité, la qualité médiocre des produits, l'accès insuffisant aux marchés régionaux et internationaux, et une intégration trop restreinte dans les stratégies nationales de développement et de réduction de la pauvreté. Ces déficiences ont continué de peser sur la croissance des échanges du Malawi.
Le programme de soutien du CIR mené par le gouvernement a permis de former des fonctionnaires du MTI à l'analyse et à l'élaboration des politiques commerciales. Ces fonctionnaires sont désormais mieux armés pour examiner et mettre en œuvre les stratégies liées au développement du commerce et des exportations, et à l'Aide pour le commerce. Parmi les principaux documents d'orientation établis dans le cadre du programme du CIR, on peut citer la Politique commerciale nationale, le Plan national pour la facilitation des échanges, la Politique industrielle nationale, et la Stratégie d'exportation nationale II. La formation a également renforcé les capacités du personnel chargé de la mobilisation des ressources en le dotant de compétences pour l'élaboration de propositions de projets abouties en vue d'obtenir le financement de donateurs. En outre, grâce à une véritable assimilation de ces capacités, la relation de symbiose du MTI avec les secteurs liés au commerce et les ministères sectoriels (transports, agriculture, tourisme et industries extractives, par exemple) a été renforcée. De ce fait, le gouvernement peut faire face de manière plus efficace aux contraintes induites par l'absence d'accès terrestre à la mer du Malawi, à son isolement relatif par rapport aux marchés mondiaux et aux coûts élevés du transit découlant de sa situation de PMA sans littoral.
Le commerce est désormais intégré dans les plans sectoriels nationaux relatifs au transport aérien, ferroviaire et routier, et à l'agriculture, ce qui permet aux acteurs de tous ces secteurs de travailler ensemble de manière plus efficace. Au Malawi, les arrangements nationaux de mise en œuvre du CIR ont joué un rôle important à l'appui de ce processus, en renforçant le mécanisme de coordination pour les partenaires de développement, les ministères sectoriels, le secteur privé et l'Aide pour le commerce de façon plus générale. Cela a contribué à traiter de manière systématique les contraintes relevées dans l'Étude diagnostique sur l'intégration du commerce et à assurer une mise en œuvre réussie. Un chapitre sur le commerce a également été intégré au plan de développement à long terme du pays, la Stratégie de croissance et de développement du Malawi III. Cette évolution des politiques a dynamisé la compétitivité commerciale du pays et contribué au renforcement de ses liens commerciaux aux niveaux régional et international.
Une fois que les principes et capacités de base avaient été établis pour mieux intégrer le commerce aux politiques nationales du Malawi, le gouvernement s'est appuyé sur le programme du CIR pour trouver des moyens d'aider le pays à améliorer sa productivité, à remédier aux problèmes de qualité des produits et à accéder aux marchés. Le gouvernement a donné la priorité au soutien apporté au projet modèle de plate-forme agricole – qui vise à établir des liens entre les petits exploitants agricoles et les entreprises agroalimentaires.
Le modèle de plate-forme agricole
Le modèle de plate-forme agricole a été mis en œuvre par la NASFAM en collaboration avec Exagris Africa, dans le district de Mchinji. Cette initiative novatrice regroupe des agriculteurs ruraux sur un même terrain, le temps d'une campagne agricole, pour les former aux bonnes pratiques dans ce domaine. Ainsi réunis, les petits exploitants agricoles bénéficient d'un soutien fort nécessaire concernant la façon d'utiliser les intrants agricoles, comme les semences et les pesticides, et ils ont également la possibilité d'appliquer et de mettre à l'essai de nouvelles techniques de production.
En collaborant avec la NASFAM, les agriculteurs ont accès à un marché tout prêt au moment de la récolte: ils peuvent vendre leurs produits à des entreprises agroalimentaires préalablement sélectionnées, à des prix plus élevés que ceux qu'ils fixaient auparavant. Dans le cadre de réunions de négociations entre agriculteurs et acheteurs tenues avant chaque campagne de commercialisation, les agriculteurs étaient réunis au sein de comités de commercialisation pour rencontrer les acheteurs potentiels et négocier les prix et volumes des produits. Ce projet a permis de promouvoir un modèle de commercialisation innovant intitulé "One Market, One Day Centre" ("Un marché, un jour"), reposant sur l'ouverture d'un marché pour une seule journée. Ce modèle présente plusieurs avantages, par exemple: acheminer d'importants volumes de production en un jour pour répondre à la demande des acheteurs; réduire les coûts d'expédition et de manutention; éliminer les coûts d'entreposage pour les agriculteurs; et réduire les coûts de transport du fait de la proximité du marché avec les exploitations, ce qui accroît les bénéfices des agriculteurs.
Dans le cadre du projet du CIR, mis en œuvre entre 2014 et 2017, un total de 6 500 petits exploitants agricoles se sont inscrits et ont reçu un soutien concernant les meilleures pratiques en matière de production végétale et de commercialisation: les revenus moyens par cultivateur ont ainsi été multipliés par 2,4 dans le cas des fèves de soja et par 1,6 dans le cas des arachides. À la fin de ce projet, 95,98 tonnes métriques (tm) de cultures d'oléagineux ont été exportées au total, dont 72,91 tm de fèves de soja vers le Botswana et 23,07 tm d'arachides vers la Zambie.
La production de soja et d'arachides s'est également accrue de 44% et de 61%, respectivement. La qualité des produits s'est aussi améliorée, et les cultivateurs ont vu les revenus de leurs ménages augmenter. Près de 53% des agriculteurs sont des femmes; il est donc positif de constater qu'un soutien croissant est apporté à ce segment de la population malawienne touché de manière disproportionnée par la pauvreté et souvent vulnérable aux chocs climatiques.
Le modèle de plate-forme agricole a été considéré comme un grand succès au Malawi, et des projets visent à répliquer cette initiative à plus grande échelle dans d'autres régions du pays. En avril 2023, la NASFAM était toujours soutenue par des partenaires de développement comme l'Irlande et la Suède. Les petits exploitants agricoles produisent maintenant de nouvelles cultures, comme le soja, auparavant réservées aux grandes plantations commerciales, ce qui a permis d'améliorer les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire pour des milliers d'entre eux, tout en contribuant à la sécurité alimentaire dans la région.
Des producteurs de soja, comme Bester Glandson à Kawerawera, récoltent maintenant les fruits de leur participation au projet de plate-forme agricole. Comme les 6 500 autres agriculteurs du projet, elle a bénéficié des apports et des services de phytotechnie de la NASFAM, ce qui lui a permis de réduire les pertes de récoltes et d'accroître la productivité de son exploitation, améliorant ainsi son niveau de vie. Elle a construit une maison pour sa famille et peut désormais nourrir ses enfants et les envoyer à l'école.
Dépasser les frontières nationales
Le soutien du CIR, mis en œuvre par le gouvernement malawien, a également facilité les activités du MITC, qui est chargé d'exploiter les possibilités commerciales au sein de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et sur d'autres marchés régionaux africains; d'attirer l'investissement étranger et national; et de plaider pour des politiques visant à promouvoir la croissance des entreprises. Le MITC œuvre activement à la facilitation de l'accès des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) aux renseignements et aux marchés d'exportation en participant continuellement aux foires commerciales régionales organisées dans les pays de la SADC. Par conséquent, la présence du Malawi dans la région s'est étendue, et des accords commerciaux ont été signés avec le Mozambique, l'Afrique du Sud, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe.
Les travaux menés par l'intermédiaire du MITC ont permis à des entreprises malawiennes d'accéder à des marchés qui étaient auparavant fermés aux sociétés exerçant leurs activités de manière isolée. Les entreprises malawiennes ont ainsi réussi à exporter 240 tm de fèves vers l'Afrique du Sud. Exporter ce produit vers des marchés comme celui de l'Afrique du Sud, un géant de la région, est considéré comme une grande réussite, qui peut être attribuée au soutien aux compétences proposé par le MITC, lequel a formé des MPME pour qu'elles améliorent la gestion, le classement et le conditionnement après récolte, et renforcent ainsi leur compétitivité sur les marchés.
Dans la région de la SADC, la promotion des exportations du Malawi et des investissements vers le pays commence également à porter ses fruits. Des produits agroalimentaires et à valeur ajoutée, comme les boissons, le sucre de canne et les produits oléagineux, sont désormais exportés depuis le Malawi vers plusieurs pays. Plus de 500 nouveaux emplois ont été créés, et le pays a enregistré des nouvelles commandes à l'exportation d'une valeur de 1 milliard d'USD, dont 10 millions correspondraient à des exportations proprement dites depuis le Malawi. Des accords d'investissement d'une valeur de 350 millions d'USD ont été conclus dans le cadre du Malawi Investment Forum, en partie soutenu par le CIR.
Le CIR a également soutenu l'ouverture d'un consulat malawien dans la région de Tete, au Mozambique, qui est maintenant financé par le gouvernement national. Uniquebureau diplomatique établi dans la province de Tete, le consulat a pour mission de stimuler les échanges commerciaux entre les deux pays dans les secteurs du tourisme, de l'agriculture et des services, et il remplit déjà ses ambitieux objectifs. En 2019, les deux pays ont signé un accord au titre duquel le Malawi devait fournir un contingent de 1 000 tonnes de volailles et de produits de volailles, qui était déjà atteint en 2022.
"Nous sommes heureux des résultats obtenus dans le cadre du soutien du CIR, et nous pensons que le projet a démontré une utilisation optimale des ressources", a déclaré Cuthbert Wadonda Chirwa, Économiste principal et Chef de l'Unité de suivi et d'évaluation, Département de la planification du MTI, qui a ajouté: "la valeur des échanges générés par le projet s'est élevée à près de 2,4 millions d'USD, contre un coût de 1,9 million d'USD".
Le Malawi a signé l'Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine afin de faciliter les échanges avec les pays du continent. Selon Cuthbert Wadonda Chirwa, le Malawi a beaucoup à offrir aux autres pays dans le domaine des connaissances techniques; par exemple, le modèle de plate-forme agricole peut être reproduit dans d'autres pays africains qui tentent de remédier aux problèmes comme la faible productivité des groupes de petits exploitants agricoles.
L'effet multiplicateur du CIR
Le gouvernement malawien a travaillé sans relâche pour que le montant de l'Aide pour le commerce destinée au Malawi passe à 400 millions d'USD, et ce, depuis le lancement du soutien du CIR dans le pays. L'héritage du CIR au sein du MTI – capacités renforcées et infrastructures améliorées – a permis à celui-ci de mobiliser davantage de soutien auprès d'autres donateurs.
Plus récemment, le gouvernement malawien s'est appuyé sur le soutien du CIR et d'un partenaire stratégique de celui-ci, le Secrétariat du Commonwealth, afin de préparer la voie à suivre, en examinant la Stratégie d'exportation nationale I (2012-2018) et en élaborant la Stratégie d'exportation nationale II (SEN II) – pour une mise en œuvre entre 2021 et 2026. Récemment, le Malawi a aussi reçu un soutien du CIR dans le cadre de l'évaluation de l'état de préparation au commerce électronique menée par la CNUCED. En 2023, le gouvernement élabore des projets phares avec le soutien du CIR dans les domaines du coton, de la pêche et des industries extractives, ce qui vient appuyer la mise en œuvre de la SEN II. Selon Charity Musonzo, Directrice du commerce et point focal du CIR, ces projets phares établiront un cadre pour mobiliser des ressources auprès du gouvernement ainsi que des partenaires de développement pendant la mise en œuvre de la SEN II.
Grâce au soutien du CIR et des donateurs, à la participation active du secteur privé et des investisseurs, à des institutions renforcées, et à une productivité et une efficience accrues dans ses différents secteurs, l'économie malawienne est sur la bonne voie pour croître, ce qui pourra ainsi contribuer à la réalisation de la stratégie Vision 2063 du Malawi, qui vise à bâtir une nation riche et autonome de façon inclusive.
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Alors que la deuxième phase du Cadre intégré renforcé (CIR) touche à sa fin en 2024, l'objectif est de produire un catalogue de récits d'impact mettant en lumière les efforts du partenariat du CIR dans les pays les moins avancés (PMA) et les PMA récemment reclassés où il s'est activement investi. Le présent récit d'impact constitue l'un des récits du catalogue. Il a bénéficié de la contribution et des commentaires essentiels de la part des Unités nationales de mise en œuvre du CIR (UNMO) basées dans les pays et de l'ensemble de l'équipe du CIR.
L'objectif premier de chaque récit d'impact, ainsi que de l'ensemble du catalogue, est d'adopter une approche journalistique en relatant l'implication du CIR dans les PMA au cours de la Phase Une et Deux. Le but est de fournir des informations pertinentes et de documenter les résultats et les impacts, ainsi que certains enseignements tirés du travail du partenariat du CIR dans les PMA. Ces récits ne fournissent pas une vue d'ensemble de tous les aspects de l'implication du partenariat du CIR, tels que les calendriers précis ou l'étendue exacte de la participation (c'est-à-dire les contributions financières). Ils constituent plutôt un moyen d'information parmi d'autres sur le travail du partenariat du CIR. Les lecteurs intéressés sont encouragés à compléter ces récits d'impact en consultant d'autres sources, notamment les Rapports annuels du CIR, les articles des Nouvelles de l'Aide pour le commerce, les canaux de réseaux sociaux du CIR et, le cas échéant, les UNMO dans les PMA ainsi que le Secrétariat exécutif du CIR.
Il est essentiel de reconnaître que les informations fournies ne sont ni exhaustives (par exemple, elles sont basées sur les dernières données disponibles au moment de la rédaction en 2023) ni de nature évaluative.
Enfin, bien que chaque récit d'impact adhère à une structure similaire, la diversité des pays, des contextes et des implications du CIR signifie que chaque histoire est unique.
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