PRINCIPAUX RÉSULTATS
- Le financement du Cadre intégré renforcé (CIR) a permis à la Gambie de se placer à l'avant‑garde de l'articulation entre commerce et action climatique. Le gouvernement élabore son premier projet d'Aide pour le commerce en vue d'accéder au financement de l'action climatique lié au commerce, et a rapproché les Ministères du commerce et du climat en vue d'élaborer une mise à jour de la politique commerciale 2024‑2030 axée sur l'environnement.
- Les projets du CIR en Gambie constituent un excellent exemple de participation de l'État et de coordination avec les pouvoirs publics. Bien que ces projets soient relativement modestes, l'État y participe activement, jusqu'au niveau des bénéficiaires.
- La Gambie est l'un des quelques pays où le CIR a soutenu un projet d'infrastructure liée au commerce, le complexe de fret de l'Aéroport international de Banjul.
La Gambie est l'un des plus petits pays d'Afrique, et ses 2,4 millions d'habitants dépendent largement de l'agriculture et de la pêche pour leur subsistance. Complètement entourée par le Sénégal, à l'exception de sa façade atlantique de 60 km, elle occupe un territoire long et étroit le long du fleuve Gambie et affiche une importante densité de population. Très vulnérable aux inondations côtières et fluviales et aux pénuries d'eau, le pays est fortement touché par le changement climatique. C'est dans ce contexte qu'un partenariat entre la Gambie et le CIR a permis à l'État de fixer son propre programme de commerce pour le développement fondé sur ses priorités, ses contraintes et ses possibilités, dans le but d'aboutir à des bénéfices commerciaux durables.
Le partenariat entre la Gambie et le CIR a commencé par des recherches et une analyse fondées sur des données probantes et pilotées par le pays visant à identifier les priorités concernant le commerce en faveur des populations pauvres. Le document d'orientation qui en a résulté – l'Étude diagnostique sur l'intégration du commerce (EDIC) – a identifié la diversification et la production locale de marchandises et de services dans les secteurs du tourisme, de l'arachide et autres produits agricoles et de la pêche comme des éléments à même de stimuler un développement durable. Il avait aussi pour objectif l'amélioration du climat des affaires; la mise en œuvre de réformes sectorielles; l'établissement d'une base plus durable pour la position du pays en tant que point d'accès à la région grâce à l'amélioration du système de transport; et le renforcement des services de facilitation des échanges.
Le soutien du CIR à la Gambie a depuis concerné divers domaines que le gouvernement juge prioritaires, y compris l'infrastructure de fret aérien; le soutien au renforcement de l'articulation entre commerce et action climatique; l'évaluation du commerce et de l'économie numérique; et le soutien aux capacités de production et à l'exportation apporté aux entrepreneuses et à l'agro‑industrie.
Une stratégie climatique et commerciale ambitieuse et décisive
La Convention‑cadre des Nations Unies sur les changements climatiques identifie la Gambie comme l'un des pays les plus durement touchés par le changement climatique. Selon Lamin Dampha, Secrétaire permanent du Ministère du commerce et de l'industrie et Point focal du CIR, le changement climatique affecte par exemple la qualité et la quantité de la production agricole du fait des pluies erratiques et des inondations qui submergent les terres agricoles, ce qui pousse les villageois à migrer et a une incidence sur le transport vers les marchés.
Dans le même temps, en 2021, le pays a été désigné comme un des chefs de file mondiaux de la résilience climatique pour sa stratégie ambitieuse et décisive de lutte contre les effets de la hausse du niveau de la mer, de la hausse des températures et de la dégradation des sols. Début 2023, la Gambie était aussi l'un des trois seuls PMA à participer aux discussions structurées sur le commerce et la durabilité environnementale en cours à l'OMC.
L'initiative pionnière de la Gambie en ce qui concerne l'articulation entre commerce et action climatique, soutenue par le CIR, renforce la capacité du pays à accéder au financement climatique lié au commerce. Le Ministère du commerce et de l'environnement et celui du changement climatique se sont rapprochés dans ce cadre pour permettre une meilleure coordination sur les questions liées au changement climatique en rapport avec le commerce et sur l'élaboration de propositions relatives à la finance climatique, ainsi que pour apporter un éclairage axé sur l'environnement dans le cadre de la mise à jour de la politique commerciale 2024‑2030. La facilitation par le CIR des dialogues de haut niveau et de la mobilisation d'experts et de ressources financières a eu une incidence importante, y compris l'obtention de nouveaux financements de la part d'autres donateurs dans les secteurs du tourisme et des technologies de l'information et de la communication. Une partie du soutien dans le cadre de cette initiative est maintenant dirigée vers le secteur gambien du tourisme – la principale source de recettes nettes en devises du pays – qui génère autant de recettes que toutes les autres exportations combinées et est une source d'emplois majeure.
Stimuler les capacités de production et la compétitivité sur les marchés internationaux
En ce qui concerne le soutien du CIR, le gouvernement a accordé la priorité à la diversification de l'horticulture, de la pêche, du tourisme et de l'industrie manufacturière de niche, autant de secteurs perçus comme à même d'aider la Gambie à devenir compétitive sur les marchés régionaux et internationaux et à améliorer les moyens de subsistance. En 2018, la Ministre gambienne du commerce, de l'industrie, de l'intégration régionale et de l'emploi, la Dre Isatou Touray, a déclaré qu'étant donné que l'agriculture représentait 30% du PIB de la Gambie et employait 70% de sa population, davantage d'efforts seraient déployés en vue d'accroître la valeur du secteur. L'accent était mis sur la production de noix de cajou, de sésame et d'arachide. Parmi ses recommandations visant à préparer ces cultures à l'exportation, l'EDIC mentionnait la nécessité de produire en quantités suffisantes pour l'exportation, d'améliorer la qualité, de réduire les pertes après récolte et de garantir un stockage adapté.
En réponse, le CIR a soutenu les pouvoirs publics dans leur travail auprès des agriculteurs en vue d'améliorer la sélection des semences et l'utilisation d'engrais et de garantir l'accès à l'eau, une bonne densité de plantation et une meilleure gestion des récoltes, du traitement et du stockage. Les cultivateurs de noix de cajou ont été formés à de meilleures techniques de gestion de la chaîne d'approvisionnement, ce qui leur a permis d'accéder au marché de l'Union européenne (UE), qui a des standards de qualité plus élevés. Dans le cadre de l'initiative menée par le gouvernement et le CIR, des partenariats ont été formés avec le secteur privé afin d'aider les petits commerçants. Par exemple, le Bureau des normes de la Gambie aide les entreprises à améliorer la qualité et à obtenir des certifications. Avant les interventions du CIR, qui répondaient à une demande, l'échelle limitée à laquelle étaient produits les produits agricoles bruts et traités les destinait aux exportations informelles et semi‑formelles.
Le secteur de la pêche, un autre secteur essentiel à la subsistance de plus de 200 000 personnes, et où les femmes représentent 80% des transformateurs, a reçu un soutien axé sur l'adaptation au changement climatique et l'atténuation de ses effets. Ce soutien comprenait des installations de fumage de poisson "intelligentes du point de vue du climat"; des glacières isothermes pour permettre aux commerçants de prolonger la durée de conservation des produits; et des formations visant à adopter des normes d'hygiène plus exigeantes pour le marché de l'UE. Le dernier examen de la politique commerciale de la Gambie a mis en évidence des domaines prioritaires d'investissement, parmi lesquels l'aquaculture, la pisciculture, l'élevage de crevettes et la transformation du poisson à l'échelle industrielle. Selon le Département de la pêche, bien que le poisson ne compte toujours que pour une faible part du PIB, le poisson et les produits de la pêche représentent toujours plus de 15% des recettes issues des exportations de marchandises. L'objectif est d'augmenter la quantité de produits disponibles; d'améliorer les normes et la valeur ajoutée, ce qui augmentera les recettes d'exportation, l'emploi et les revenus des Gambiens; et d'augmenter la part du secteur de la pêche dans le PIB.
SheTrades – pour le bénéfice de tous
Garantir un développement inclusif qui assure la participation des femmes et reconnaît leur contribution est une priorité pour la Gambie. Le Ministère de l'agriculture en particulier a déployé des efforts ciblés pour développer les compétences et améliorer les revenus des productrices horticoles. Il a intégré l'égalité de genre dans ses travaux et dans le budget de l'État, et garantit dans le même temps la durabilité environnementale en promouvant des produits alimentaires et du coton biologiques produits par des femmes.
Le projet SheTrades, mis en œuvre par le Centre du commerce international (ITC) avec l'appui du CIR, a soutenu la formation de plus de 1 500 entrepreneuses dans les secteurs de l'horticulture et du textile sur 3 ans. L'objectif était de renforcer la participation effective des femmes au commerce en améliorant leur compétitivité et en renforçant les liens commerciaux dans un environnement économique favorable. Les entrepreneuses du secteur de la mode ont reçu une formation sur la planification d'entreprise, le commerce de la mode et la création de valeur ajoutée, et ont pu développer leurs marchés en participant à des foires commerciales internationales. Ce projet, qui a joué un rôle de catalyseur, a mis plus de 140 entreprises dirigées par des femmes en relation avec des acheteurs à l'étranger, les a reliées aux chaînes de valeur transnationales et a soutenu leur participation à des foires commerciales nationales et internationales. Le fait que l'État ait continué à offrir directement une formation aux entrepreneuses à la suite de l'intervention du CIR et de l'ITC est un exemple de l'effet positif du CIR sur la durabilité, et de son rôle de catalyseur dans ce domaine.
Le CIR et l'ITC ont fourni un soutien complémentaire lors du déclenchement de la crise de la COVID‑19, afin d'atténuer les effets de celle‑ci sur les entreprises des horticultrices. Plus de 500 horticultrices, principalement des cultivatrices d'oignons, ont reçu une aide dans le cadre du projet Jokkalante Market Platform. Le projet – mis en œuvre par le Ministère du commerce, de l'industrie et de l'emploi et par le Ministère de l'agriculture, en partenariat avec les fédérations régionales de commerçants – apporte un soutien direct aux agricultrices, ce qui permet une meilleure coordination et une meilleure efficacité de la production, du stockage et de la distribution. Les acheteurs, les agriculteurs et les transporteurs du pays sont mis en relation au moyen d'une plate‑forme téléphonique. Des utilisateurs sont actuellement en train de tester le prototype, qui a été élaboré par une entreprise gambienne de technologies de l'information. La plate‑forme utilise des commandes vocales, afin que les agriculteurs illettrés puissent y accéder. Le projet obtient de bons résultats et a déjà amélioré les possibilités d'accès aux marchés et les techniques relatives aux capacités de production. Selon l'ITC, en 2022, les agricultrices ont vendu plus de 6 000 sacs d'oignons, pour une valeur de plus de 49 000 USD. En l'absence d'accès aux marchés ou à des installations d'entreposage, les oignons auraient été vendus au prix le plus bas, ou se seraient détériorés.
Prêt à s'envoler vers les marchés internationaux
Les demandes d'installations efficaces pour transporter le volume croissant de produits d'exportation ont conduit le gouvernement gambien à se tourner en priorité vers le financement du CIR pour améliorer un complexe de fret aérien près de l'Aéroport international de Banjul. M. Dampha décrit les interventions de soutien au commerce du CIR comme uniques en leur genre: "le complexe de fret", dit‑il, "était un investissement essentiel que les autres partenaires étaient réticents à entreprendre".
Inauguré en février 2018, le complexe de fret aérien cherche à développer les échanges et ouvrir l'accès des petites entreprises aux marchés mondiaux. Il génère à l'heure actuelle environ 54 000 USD annuels de redevances douanières, contre 18 000 USD annuels avant la pandémie de COVID‑19. L'amélioration de l'infrastructure, des normes de conditionnement et de la formation du personnel de l'aéroport, ainsi que le développement des services aux petites et moyennes entreprises ont réduit les temps de manutention de 40%. On s'attend à ce que, grâce à ces progrès, davantage de lignes aériennes acceptent du fret en provenance de Gambie. Selon M. Dampha:
Les petites entreprises ont le vent en poupe
L'investissement par le CIR d'un peu plus de 7,5 millions d'USD, de l'EDIC aux projets finis et en cours entre 2010 et 2023, a contribué à renforcer les capacités commerciales de la Gambie et à améliorer les moyens d'existence. Ce résultat a en grande partie été rendu possible par l'excellent exemple de coordination et d'implication jusqu'au niveau des bénéficiaires donné par le gouvernement, malgré l'ampleur relativement limitée des projets.
La capacité des projets mis en œuvre à mobiliser des soutiens supplémentaires de la part d'autres partenaires de financement a été démontrée. Par exemple, les difficultés identifiées par l'évaluation sur le commerce et l'économie numérique ont maintenant été intégrées dans des projets menés par le Ministère de la communication et de l'économie numérique, qui a reçu le soutien de la Banque mondiale. Ainsi que l'a fait observer Peter Donelan, coordonnateur du CIR:
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Alors que la deuxième phase du Cadre intégré renforcé (CIR) touche à sa fin en 2024, l'objectif est de produire un catalogue de récits d'impact mettant en lumière les efforts du partenariat du CIR dans les pays les moins avancés (PMA) et les PMA récemment reclassés où il s'est activement investi. Le présent récit d'impact constitue l'un des récits du catalogue. Il a bénéficié de la contribution et des commentaires essentiels de la part des Unités nationales de mise en œuvre du CIR (UNMO) basées dans les pays et de l'ensemble de l'équipe du CIR.
L'objectif premier de chaque récit d'impact, ainsi que de l'ensemble du catalogue, est d'adopter une approche journalistique en relatant l'implication du CIR dans les PMA au cours de la Phase Une et Deux. Le but est de fournir des informations pertinentes et de documenter les résultats et les impacts, ainsi que certains enseignements tirés du travail du partenariat du CIR dans les PMA. Ces récits ne fournissent pas une vue d'ensemble de tous les aspects de l'implication du partenariat du CIR, tels que les calendriers précis ou l'étendue exacte de la participation (c'est-à-dire les contributions financières). Ils constituent plutôt un moyen d'information parmi d'autres sur le travail du partenariat du CIR. Les lecteurs intéressés sont encouragés à compléter ces récits d'impact en consultant d'autres sources, notamment les Rapports annuels du CIR, les articles des Nouvelles de l'Aide pour le commerce, les canaux de réseaux sociaux du CIR et, le cas échéant, les UNMO dans les PMA ainsi que le Secrétariat exécutif du CIR.
Il est essentiel de reconnaître que les informations fournies ne sont ni exhaustives (par exemple, elles sont basées sur les dernières données disponibles au moment de la rédaction en 2023) ni de nature évaluative.
Enfin, bien que chaque récit d'impact adhère à une structure similaire, la diversité des pays, des contextes et des implications du CIR signifie que chaque histoire est unique.
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