L'histoire de la culture de l'ananas au Bénin a débuté il y a plusieurs siècles. Mais son rôle dans le commerce mondial formel de l'ananas remonte à moins longtemps.
Pourtant, le pays est aujourd'hui le quatrième exportateur d'ananas d'Afrique, et le commerce de ce produit avec l'Union européenne (UE) a été multiplié par près de six entre 2000 et 2014, pour atteindre entre 400 000 et 500 000 tonnes par an. Mais en 2017, il y a eu un contretemps majeur lorsque le gouvernement a institué une interdiction volontaire des exportations vers l'UE en raison des niveaux élevés de pesticides trouvés dans les fruits.
Le gouvernement béninois a passé huit mois à résoudre le problème de l'utilisation du produit chimique que les agriculteurs utilisaient pour transformer leurs ananas naturellement verts en jaune, couleur préférée des consommateurs européens. Aujourd'hui, le gouvernement continue de travailler à l'amélioration de la filière, qui, avec la noix de cajou et le coton, est considérée comme présentant le meilleur potentiel de croissance du pays.
"La chaîne de valeur de l'ananas, où les femmes représentent près de 80% des acteurs, est une source primaire d'emplois, de revenus d'exportation, de matières premières pour l'industrie et de nourriture pour la population locale", a déclaré Euloge Agbakou Houngbo, qui travaille au développement du commerce du Bénin en tant que coordonnateur de l'Unité nationale de mise en œuvre du Cadre intégré renforcé (CIR).
L'ananas étant un produit agricole "non traditionnel", il existe un fort potentiel de développement et de bénéfices au niveau local à mesure que le secteur continue d'évoluer.
VARIÉTÉ
Le climat tropical du Bénin offre des conditions de culture idéales pour produire des ananas de grande qualité. Mais en tant que pays en développement essentiellement rural, il est compliqué d'acheminer des fruits soigneusement traités jusqu'aux acheteurs situés hors de ses frontières.
Parmi les nombreux aspects à prendre en compte figurent l'augmentation des rendements, l'amélioration de la manutention post‑récolte, la résolution des problèmes de transport, le développement de produits transformés à base d'ananas, le respect des normes, la construction d'entrepôts frigorifiques et la commercialisation des variétés d'ananas.
"Les ananas du Bénin sont très demandés dans la sous‑région, notamment au Nigéria, au Niger, au Burkina Faso et au Maroc. Mais sur la production annuelle actuelle, 1% seulement du volume produit est exporté vers l'Europe. Nous avons des problèmes de qualité, de respect des normes et surtout de transport par fret aérien", explique M. Houngbo.
CULTURE
Les deux variétés d'ananas les plus appréciées qui sont cultivées au Bénin sont la Cayenne et la Pain de sucre. Et il faut plus d'un an pour les cultiver. Avec environ deux tiers de la population vivant dans les zones rurales et pratiquant une agriculture de subsistance ou de vente locale, se lancer dans la culture de l'ananas représente un grand pas.
La plupart des ananas sont cultivés dans le sud du pays, dans la région de l'Atlantique, et le transport vers la capitale et vers d'autres pays pour l'exportation prend du temps. L'un des objectifs du développement du secteur est de passer à la transformation des fruits en jus ou en produits séchés, mais cela nécessite une coordination entre les agriculteurs et les entreprises, ainsi que des installations appropriées.
"Le Bénin compte plus de 70 petites entreprises intervenant dans la transformation de l'ananas en jus, ananas séché et autres dérivés. Pour le jus d'ananas, les pionniers sont Fruits Tillou et Promo‑Fruit, mais ils ne travaillent qu'à moitié de leur capacité", déclare M. Houngbo.
Cette situation est due à une pénurie de matières premières, a‑t‑il ajouté. La résolution des problèmes d'infrastructure et de transport aiderait les deux entreprises, qui exportent principalement vers le marché nigérian.
Selon M. Houngbo, au royaume de Danxomè, situé dans l'actuel Bénin, au XVIIIe siècle, il y avait une légende selon laquelle le roi Agonglo, qui avait été frappé par la foudre à plusieurs reprises mais avait toujours survécu, prit pour emblème l'ananas: "le palmier peut être frappé par la foudre, mais l'ananas jamais", témoignant du pouvoir attribué à ce fruit, à la fois nutritif et symbole d'invincibilité.
Aujourd'hui, au Bénin, la variété Pain de sucre est considérée comme ayant une valeur protectrice. Compte tenu du potentiel que le marché pourrait avoir pour les populations rurales qui ont désespérément besoin de revenus supplémentaires, si l'on s'y prend de la bonne manière, peut‑être pourrait‑on voir se manifester de nouveaux pouvoirs protecteurs – cette fois par le biais du commerce.
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