Les femmes pourraient avoir un impact important sur les économies en difficulté; en effet, des études montrent que l'amélioration de la parité entre les sexes va de pair avec une croissance accrue. Pourtant, les pays les moins avancés (PMA) se heurtent à des obstacles considérables pour améliorer la vie des femmes et tirer parti de ce potentiel.
Les PMA comptent environ un milliard d'habitants – un chiffre qui devrait augmenter de 33% d'ici à 2030. Du Burkina Faso au Cambodge en passant par Kiribati, de nombreux PMA s'efforcent de transformer la précarité en pouvoir. Alors que les pays du G-20 jouent un rôle majeur en tant qu'investisseurs, donateurs et partenaires de développement pour soutenir les progrès des PMA, la promotion des femmes dans ces pays est essentielle pour atteindre cet objectif.
Le W-20, groupe d'engagement officiel du G-20 sur les femmes, présente un communiqué aux dirigeants du G-20 lors du sommet d'Osaka en 2019 qui appelle à l'action pour combler les inégalités mondiales entre hommes et femmes et formule des recommandations spécifiques. Compte tenu des contraintes particulières auxquelles se heurtent les PMA pour parvenir à l'égalité des sexes, voici quatre moyens d'autonomiser les femmes de ces pays et d'aider ce faisant les pays les plus pauvres du monde.
1. Assurer la sécurité du commerce pour les femmes
Les femmes jouent un rôle moteur dans le commerce aux frontières très fréquentées entre le Rwanda, la République démocratique du Congo (RDC) et leurs voisins. Elles sont confrontées à des problèmes de sécurité et de harcèlement, doivent transporter de lourdes charges et supporter de longues files d'attente, tout cela sans avoir la possibilité de faire garder leurs enfants et sans avoir d'informations sur les règles douanières.
Simire Cibolonza, commerçante en RDC, a maintenant des liens plus étroits avec les femmes du Rwanda auprès desquelles elle achète régulièrement des choux. C'est le résultat d'un accord commercial récemment signé entre les deux pays qui ont connu des décennies de conflit.
De l'autre côté de la frontière, au Rwanda, les femmes forment des coopératives qui facilitent leur accès à l'information et au financement. Grâce à la nouvelle infrastructure, certaines femmes peuvent maintenant vendre leurs produits sur le lieu même où se tient le marché, dans des conditions de sécurité – et il existe même des possibilités de garde d'enfants.
Comme l'a dit Michelle Bachelet, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, lors du W-20 de Tokyo: "Si vous voulez y arriver, intégrez les femmes à vos solutions".
2. Accroître la part des femmes dans la population active
Les petites entreprises sont très nombreuses dans les PMA et les travailleurs indépendants représentent environ 70% de l'emploi total. Par conséquent, pour parvenir à la parité entre les sexes sur le marché du travail, il faut s'attaquer, entre autres, aux hypothèses concernant le rôle des femmes et les multiples obstacles auxquels elles se heurtent pour créer une entreprise, comme le recommande le communiqué du W-20.
Certains travaux sont traditionnellement réservés aux hommes ou aux femmes, et ces normes sociétales peuvent être difficiles à surmonter. Mais parfois, de petits changements signifient que de nouvelles professions neutres sur le plan du genre peuvent être créées.
Par exemple, en Zambie, la collecte du miel est généralement effectuée par des hommes car les ruches sont placées haut dans les arbres et parfois loin des habitations. Mais l'introduction d'un nouveau type de ruche qui peut rester sur le sol sans être éloigné a permis aux femmes de devenir apicultrices et d'en tirer un revenu.
"Ce n'est pas un travail que seul un homme peut faire", a déclaré Dorothy Mambwe du Kabule Women's Beekeeping Group qui vend maintenant son miel en vrac aux transformateurs locaux.
"Cela nous a beaucoup aidées, parce que, avec cet argent, on peut acheter d'autres choses, et vendre ... je sais qu'à l'avenir, nous aurons beaucoup de clients.
Le Japon accueille le Sommet du G-20 en 2019, et le Premier Ministre Shinzo Abe est connu pour son objectif visant à intégrer davantage de femmes japonaises dans la population active. En ce qui concerne la réduction de l'écart entre les sexes, le coprésident du W-20 Japon, Haruno Yoshida, a recommandé d'encourager les employeurs "à mettre en œuvre des politiques fondées sur des données probantes et à faire connaître leurs progrès" et d'inciter les investisseurs "à intégrer les facteurs liés au sexe dans l'analyse et la prise de décision".
3. Permettre aux femmes d'accéder à des postes de responsabilité
Quand avez‑vous entendu pour la dernière fois le point de vue d'une femme fonctionnaire au Vanuatu, d'une directrice commerciale au Malawi ou d'une femme tisserand au Népal?
"Mon manque d'instruction ne m'a pas handicapée, mais m'a fait comprendre à quel point cela pouvait concourir à la pauvreté" a déclaré Damchae Dem, de l'Association des femmes entrepreneurs du Bhoutan qui a présenté publiquement son projet d'entreprise au Forum mondial sur le commerce inclusif pour les PMA, à Genève.
"Je me tenais là au milieu d'étrangers, déterminée et sans crainte car je portais en moi les aspirations non seulement des femmes du Bhoutan, mais de toutes les femmes prisonnières de la pauvreté."
Les femmes comme Dem ont des perspectives et des expériences qui sont souvent négligées. Leurs évaluations du développement, de l'égalité des sexes et des entreprises dans les PMA sont essentielles.
La Directrice exécutive du Centre du commerce international, Arancha Gonzalez, a lancé un appel au W-20 pour que les femmes soient plus présentes dans le commerce et les domaines connexes, et que plus de femmes spécialistes fassent entendre leur voix dans les médias. Le fait de placer de plus en plus de femmes sur un pied d'égalité avec les hommes dans les débats mondiaux contribuera grandement à modifier les perceptions et à favoriser le changement. L'une des plates‑formes pour de tels échanges et pour faire entendre la voix des PMA pourrait être le W-20, un forum d'information précieux sur l'action du G-20.
4. Favoriser des conditions d'égalité pour l'accès à la technologie
La technologie peut contribuer à exacerber les inégalités entre les hommes et les femmes. Au niveau mondial, la proportion de femmes ayant accès à Internet est inférieure de 12% à ce qu'elle est pour les hommes. Dans les PMA, elle est inférieure de 31%. Et selon le Rapport 2018 de la CNUCED sur les PMA, l'écart entre les sexes en ce qui concerne l'utilisation d'Internet dans les PMA s'est élargi entre 2013 et 2017.
Il est essentiel de combler cette fracture numérique entre les hommes et les femmes qui se recoupe avec le fossé du développement et a un impact sur ce dernier. Les PMA sont loin derrière en ce qui concerne l'infrastructure des TIC et l'accès à Internet. Selon le Rapport de la CNUCED, "seulement 17,5% de la population des PMA ont eu accès à Internet en 2017, contre 41,3% dans les pays en développement et 81% dans les pays développés".
Le W-20 Japon recommande aux dirigeants du G-20 d'agir pour renforcer la formation en matière de technologie et l'égalité d'utilisation dans ce domaine afin qu'aucune femme ne soit laissée pour compte. Cela est particulièrement urgent et essentiel pour les PMA.
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Initialement publié le 24 juin 2019 dans le cadre du Programme du Forum économique mondial.
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