17 janvier 2020

Le cuir, porteur de promesses au Niger

by Deanna Ramsay / in Tribune libre

Zouha Mohammed s'est formée à la couture du cuir, un apprentissage complexe qui peut prendre des mois. Mais avec ce savoirfaire, elle peut désormais générer des revenus avec ses créations, des articles tels que des portefeuilles, des sacs et des porteclés.

Zouha Mohammed a suivi une formation dans ce domaine à Niamey (Niger) et peut gagner jusqu'à 35 000 francs CFA (58 $EU) si elle vend un de ses sacs. Elle a dit espérer que ces revenus supplémentaires pourront lui assurer une plus grande indépendance financière.

“Les femmes sont très nombreuses et très actives dans le domaine de la transformation du cuir et des peaux au Niger. Cette participation économique leur permet d’augmenter leurs revenus et subvenir aux besoins de leur famille,” a déclaré Abdou Adamou du Cadre intégré renforcé (CIR) Niger.

“Le secteur du cuir joue un rôle essentiel dans le développement économique et social du Niger. Le pays dispose d’ailleurs d’importantes capacités de transformation des peaux en zones rurales ainsi qu’un potentiel de production significatif au niveau des petits ruminants, tels que les chèvres.

“Appuyé par un centre des métiers de cuir à Niamey, ce secteur est en mesure de répondre à la demande potentielle au niveau national,” a déclaré Adamou.

Le Niger compte de nombreux troupeaux de grande taille et à composition variée, qu'il s'agisse de bovins, d'ovins ou de chèvres rousses de Maradi dont la peau est recherchée et que le pays commercialise depuis plus de 50 ans. Étant donné que la demande mondiale de peaux se maintient voire même progresse, l'abondance de bétail dans ce pays sans littoral présente un grand potentiel financier.

Ayant identifié ce potentiel grâce à une étude de la situation commerciale du pays, le gouvernement nigérien et le Cadre intégré renforcé (CIR) ont collaboré afin d'établir des bases formalisées et répondant aux normes pour le commerce des peaux et du cuir dont la population pourra tirer profit.

Zouha Mohammed en fait partie. Elle travaille avec du cuir provenant d'une tannerie locale et qui relève d'une démarche complète visant à soutenir la commercialisation dans ce secteur dans les huit régions du pays.

La nécessité de développer les compétences et de former est un sujet fondamental au Niger, pays qui enregistre une forte croissance démographique et dont l'économie repose sur les réserves d'uranium, du pétrole, les possibilités minières qui en découlent ainsi que sur les potentialités que regorge le secteur de l’agriculture et de l’élevage. Selon l'indice de développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement, le Niger occupait la 189ème et dernière place dans le dernier rapport datant de 2019.

Zouha Mohammed faisait partie d'un groupe de plus de 125 femmes formées au travail du cuir et plus de 600 personnes actives dans le domaine de l'élevage de bétail ont quant à elles été formées à la production de cuirs et peaux et aux techniques de tannage respectueuses de l'environnement. En outre, les tanneries et les organisations de femmes ont reçu du matériel nécessaire comme des machines à coudre, des brouettes, des bureaux, des bottes, etc.

Abdoul Raman travaille dans une tannerie de Niamey qui a bénéficié du projet de développement de la filière cuirs et peaux en formation comprenant l'augmentation des capacités en matière de transformation et l'utilisation de méthodes de séchage appropriées. La tannerie dans laquelle il travaille vend du cuir de caprins, d'ovins et de bovins aux travailleurs du cuir locaux et à l'exportation.

Environ 80% de la production nationale est exportée, principalement au Nigéria. En 2015, les animaux et les produits d'origine animale représentaient approximativement 3% du PIB.

Compte tenu de la demande existante de cuir du Niger, l'ensemble du secteur a encore besoin de bonnes installations et de main‑d'œuvre formée pour garantir la qualité, alors que l'essentiel du commerce demeure informel. Au regard de la stagnation du PIB au cours des 35 dernières années, accroître les exportations d'un produit dont le Niger dispose en abondance paraît logique – mais des obstacles structurels doivent être surmontés.

Néanmoins, des progrès ont été réalisés.

"Le secteur est porteur de tant de promesses pour la population nigérienne. Les changements dans les tanneries et les entreprises de transformation mais aussi concernant les compétences et les normes sont impressionnants. Mais il reste encore du travail pour que les femmes et les hommes actifs dans ce domaine bénéficient de revenus stables et que le gouvernement enregistre une hausse des exportations" a déclaré Paulin Zambelongo, coordonnateur du CIR.

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