PRINCIPAUX RÉSULTATS
- Le Cadre intégré renforcé (CIR) a aidé le Ministère du commerce et de l'industrie (MoCI) du Libéria à coordonner des programmes liés au commerce et à mettre au point de nouveaux projets. Le soutien dispensé par le Cadre consistait à favoriser le détachement à long terme d'experts en politique commerciale pour appuyer le processus d'accession du pays à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
- Par ailleurs, le CIR a contribué à l'amélioration de la qualité et à la systématisation des processus relatifs au dialogue entre les parties prenantes concernant les questions de commerce dans le secteur public, la communauté des donateurs, le secteur privé et la société civile.
- Le CIR a collaboré avec le Libéria au renforcement des capacités institutionnelles, car le gouvernement est devenu autonome pour ce qui est d'attirer les donateurs et de concevoir des projets inspirés de ceux financés par le CIR dans les domaines du tourisme, de l'huile de palme et du commerce électronique.
- En partenariat avec le Centre du commerce international (ITC), le CIR a exploité le fort potentiel qu'avait le secteur du tourisme au Libéria, ce qui a accéléré le développement d'infrastructures touristiques essentielles, comme celles qui se trouvent à Robertsport, dans le comté de Grand Cape Mount.
Petit pays d'Afrique de l'Ouest, le Libéria compte 5,2 millions d'habitants et est limitrophe de la Sierra Leone, de la Guinée et de la Côte d'Ivoire. Il regorge de richesses naturelles, dont de vastes forêts, des zones côtières, des ressources minérales et un patrimoine culturel de grande valeur. Néanmoins, la guerre civile qui a fait rage dans le pays de 1990 à 2003 a dégradé les équipements du pays et coûté la vie à plus de 150 000 personnes. Des centaines de milliers d'autres ont été déplacées vers des pays voisins. En 2003, un accord de paix négocié par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a marqué la fin du conflit.
Alors que le pays se reconstruisait et relançait son économie, il a été frappé par une épidémie d'Ebola qui a emporté 3 000 personnes. Ce fléau a également été à l'origine d'une décélération brutale du secteur commercial informel du pays, conduit par les négociants. Nombre d'entreprises ont cessé leur activité, car les mouvements de marchandises et de personnes, ainsi que les échanges de services, ont diminué sous l'effet de la hausse des coûts des transports et d'entretien des routes. Cette augmentation comptait au nombre des conséquences additionnelles de l'épidémie et résultait de mesures telles que des couvre‑feux et des fermetures de routes. Le tourisme, essentiel à la croissance commerciale et économique du Libéria, n'a pas été épargné et le pays a sombré dans les oubliettes des destinations de voyage tandis que sa compétitivité s'est effondrée dans le sillage de l'épidémie.
La première Étude diagnostique sur l'intégration du commerce (ÉDIC) du Libéria a été validée en 2009. Ses auteurs ont relevé que le commerce intérieur des marchandises et des services jouait un rôle de premier ordre, y compris la demande générée par les activités de rétablissement de la paix, l'aide étrangère et les envois de fonds, moteurs essentiels de la croissance économique.
En outre, il était souligné dans l'étude que le Libéria devait axer ses efforts sur la diversification des exportations au‑delà du caoutchouc, qui représentait 90% de ses exportations. Le pays devait remédier aux difficultés rencontrées par les producteurs, petits et grands, dans les secteurs du cacao, de l'huile de palme, et d'autres produits agricoles. Les auteurs de l'ÉDIC ont recommandé d'éliminer les obstacles au commerce en réformant la logistique pour suivre l'expansion de l'économie sur les plans des importations et des exportations, de mettre au point des règles et de renforcer les institutions.
L'ÉDIC a été mise à jour en 2015 avec l'assistance technique de la Banque mondiale. Ses auteurs ont recommandé de redoubler d'efforts pour attirer l'investissement étranger direct dans le secteur non minier, de préférence dans l'agro‑industrie, et de conclure des accords de concession avec les principales multinationales du secteur de l'huile de palme. Le tourisme a aussi été évoqué comme un secteur clé. Compte tenu de la mise à jour de l'ÉDIC et avec le soutien de l'ITC, le CIR a aidé le Libéria à établir des stratégies d'exportation pour les industries du tourisme et du bois d'hévéa.
Renforcer les institutions pour promouvoir le commerce et réduire la pauvreté
Pour promouvoir la croissance économique, le CIR a soutenu le Libéria dans le but principal de surmonter les obstacles au commerce du côté de l'offre. Le renforcement des capacités commerciales visait à réduire l'extrême pauvreté, estimée à plus de 80% en 2003. L'action menée par le CIR révèle en outre l'engagement du Cadre en faveur des partenariats qui encouragent l'appropriation, à l'échelle nationale, du programme de développement du Libéria. Au départ, le soutien était axé sur la création de structures institutionnelles solides et sur le renforcement des capacités d'élaboration de règles et d'intégration du commerce dans les stratégies nationales.
Par exemple, le CIR a financé l'instauration d'une Unité nationale de mise en œuvre (UNMO) en 2009 pour renforcer la visibilité et le potentiel du commerce au sein du MoCI. Relevant entièrement du gouvernement du Libéria, l'UNMO a été chargée d'être le fer de lance de la croissance tirée par les exportations. Elle a contribué pour beaucoup à l'élaboration du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP‑1) du pays, du Cadre des dépenses à moyen terme et de sa Vision à l'horizon 2030, ainsi qu'à l'intégration du commerce dans ces plans de développement.
L'UNMO a joué un rôle essentiel dans la supervision stratégique et l'appui technique des parties prenantes, telles que le Ministère des finances et la Chambre du commerce du Libéria. Elle a été responsable de l'intégration du commerce dans le Programme national pour la prospérité et le développement en faveur des populations pauvres. Par ailleurs, le personnel de l'UNMO a appuyé la rédaction de la politique commerciale du Libéria et dirigé l'harmonisation sectorielle des statistiques du commerce extérieur du pays. Une autre contribution majeure de l'Unité consiste à tenir le gouvernement informé des nouveautés commerciales en élaborant des études et des publications.
La participation à des processus régionaux déterminants de l'Aide pour le commerce, comme les réunions du Groupe de travail d'experts chargés de l'élaboration de la stratégie d'Aide pour le commerce mis sur pied par la CEDEAO, a renforcé les capacités de l'UNMO. Tout en assurant le secrétariat du Comité directeur national, l'Unité collabore avec des ministères et organismes essentiels pour renforcer les compétences et favoriser la coordination entre les donateurs. Elle coordonne en outre les activités relatives au commerce qui rassemblent les acteurs des secteurs public et privé, les entreprises et les donateurs.
Le CIR a soutenu l'action menée par le Libéria en vue d'accéder à l'OMC et a fait le nécessaire pour que le pays dispose d'un environnement économique porteur et de régimes commerciaux concurrentiels et réforme sa politique et sa réglementation. En 2010, l'UNMO, par l'intermédiaire de la Direction nationale du commerce de la Suède, a reçu de l'aide de la part de l'Agence suédoise de développement international (ASDI) pour déterminer le niveau de préparation du Libéria en matière de connaissances techniques et pour que la Direction et le Comité technique du Libéria échangent des données d'expérience. L'ASDI et le gouvernement du Libéria ont arrêté un ensemble de mesures, pour un montant de 7,3 millions d'USD, dans le cadre du processus d'accession du Libéria à l'OMC. Ces dispositions prévoyaient, entre autres, le détachement à long terme d'experts en politique commerciale de la Direction nationale du commerce de la Suède auprès de l'UNMO.
L'Unité a tiré parti du soutien du CIR pour renforcer l'action menée par le gouvernement pour mettre en œuvre plusieurs programmes de renforcement des capacités commerciales à destination des acteurs des secteurs public et privé. Le programme de renforcement des capacités commerciales dans les domaines institutionnel et humain visait en partie à mieux faire comprendre l'importance des Accords de l'OMC sur la facilitation des échanges (AFE) et de la Zone de libre‑échange continentale africaine (ZLECAf) pour la nouvelle administration. Une fois assimilées les implications de ces instruments sur l'économie et le développement durable du pays, les démarches se sont déroulées rapidement et l'AFE a pu être ratifié le 23 juillet 2019. Le processus d'intégration de la ZLECAf dans la législation nationale est achevé, l'Accord ayant été ratifié en juillet 2023 par le Parlement national, et approuvé par le Président du Libéria. Toutefois, l'instrument de ratification doit encore être déposé formellement auprès de la Commission de l'Union africaine.
Évaluation de l'état de préparation au commerce électronique
En 2018, le Libéria a entamé une procédure d'évaluation de l'état de préparation au commerce électronique, la première évaluation de ce type avec l'appui du CIR. Cette analyse, réalisée en collaboration avec la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), portait sur la situation actuelle dans le domaine du commerce électronique, un accent particulier étant placé sur les débouchés et les obstacles. Elle a été essentielle pour arriver à une définition commune du commerce électronique entre les différentes parties prenantes du pays, y compris celles du secteur public, les banques commerciales, les entreprises de télécommunication et les acteurs du secteur privé.
L'évaluation a marqué le passage du Libéria de la reconstruction après le conflit à la participation à des chaînes de valeur mondiales, où les technologies de l'information et de la communication jouent un rôle essentiel. Sur la base du plan d'action issu de l'évaluation, l'UNMO, en collaboration avec la Chambre de commerce du Libéria et certains partenaires de développement, a mis au point des stratégies pour mettre en œuvre certaines des idées de projet qui ont été recensées. Les éclairages apportés dans le cadre de l'évaluation ont aussi orienté une Évaluation de l'état de préparation au commerce électronique de la CNUCED plus large destinée aux États membres de la CEDEAO, publiée en 2022.
Libérer le potentiel touristique du Libéria
D'importantes avancées ont été enregistrées pour ce qui est de réaliser le potentiel du secteur du tourisme du Libéria. D'après Hesta Baker, consultante en commercialisation et en promotion de l'image engagée par l'ITC, le tourisme peut générer des recettes estimées à 200 millions d'USD entre 2021 et 2025. Mme Baker a visité le pays pour brosser un tableau des ressources touristiques. En faisant participer des personnes souvent marginalisées, comme des jeunes ou des chefs, pour comprendre les ressources touristiques dans leurs zones, le projet a permis de récolter une somme considérable d'éléments, sous différentes formes. Ces renseignements sont à présent utilisés pour commercialiser les destinations touristiques du pays.
Mme Baker a expliqué que, par le passé, les parties prenantes se cantonnaient à leur domaine et n'échangeaient pas sur les difficultés et les débouchés du secteur. Le soutien du CIR a changé la donne:
Ces consultations ont abouti à l'élaboration d'une stratégie de commercialisation du tourisme et d'une marque de tourisme globale, qui est désormais au fondement d'une vaste gamme d'outils de commercialisation. En outre, le CIR a favorisé le développement d'infrastructures touristiques essentielles dans des lieux tels que Robertsport, dans le comté de Grand Cape Mount. Mme Baker a expliqué ce qui suit:
C'est à Robertsport que se trouve la Grand Cape Mount Surf Association, une organisation pour les jeunes surfeurs du Libéria. Même si le surf en est encore à ses balbutiements, il recèle un potentiel immense en tant que moteur de la croissance économique du pays. Cela étant, le CIR a appuyé la construction d'infrastructures et la formation de près de 200 parties prenantes issues des secteurs public et privé. Une maison du surf et centre d'accueil des visiteurs – où se trouvent une boutique de cadeaux et un guichet d'information ‑ profite aux résidents de la zone, en particulier les jeunes. Le nombre de visiteurs nationaux et internationaux qu'accueille chaque jour Chimpanzee Island devrait doubler en haute saison. En outre, des organisations de gestion des destinations ont été mises sur pied pour stimuler le tourisme dans 3 des 15 comtés du Libéria: Grand Cape Mount, dans le nord‑ouest; Nimba, dans le nord‑est; et Grand Bassa, dans le centre‑ouest.
M. Axel Addy, ancien Ministre du commerce et de l'industrie du Libéria et ancien négociateur en chef pour l'accession à l'OMC, estime que le tourisme peut être l'agent du changement des vies des Libériens pauvres. D'après lui, le soutien que le CIR apporte au tourisme a porté de nombreux fruits:
Un centre d'accueil des visiteurs, dont la construction a pris fin en décembre 2022, a été mis sur pied à l'aéroport international Roberts. Le guichet a été confié au gouvernement et à l'Association nationale du tourisme du Libéria, qui sont chargés de recueillir des données sur le tourisme. Faisant fond sur le soutien du CIR, l'Association a aussi tiré parti d'un appui additionnel de la part de l'Agence des États‑Unis pour le développement international, qui finance l'office de commercialisation Solimar en vue de promouvoir le tourisme dans le pays. Le premier festival culturel, qui a eu lieu avec succès en décembre 2022, a ouvert des horizons de commercialisation pour différents aspects des arts et de la culture propres au Libéria. Il se tiendra à l'avenir chaque année.
Des progrès considérables ont été enregistrés pour ce qui est de réaliser le potentiel du tourisme au Libéria, de nouveaux hôtels et d'autres installations témoignant concrètement du chemin parcouru. Néanmoins, il faut en faire davantage, et d'importants soutiens financiers sont nécessaires pour stimuler le développement du secteur. L'UNMO est un membre actif du Groupe de travail du tourisme, qui rassemble des acteurs des secteurs public et privé, y compris le Ministère des finances. Le Groupe de travail continuera de militer pour que le gouvernement et d'autres investissent et participent davantage pour reconnaître le potentiel du secteur, d'une part, et faciliter sa croissance, d'autre part.
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Alors que la deuxième phase du Cadre intégré renforcé (CIR) touche à sa fin en 2024, l'objectif est de produire un catalogue de récits d'impact mettant en lumière les efforts du partenariat du CIR dans les pays les moins avancés (PMA) et les PMA récemment reclassés où il s'est activement investi. Le présent récit d'impact constitue l'un des récits du catalogue. Il a bénéficié de la contribution et des commentaires essentiels de la part des Unités nationales de mise en œuvre du CIR (UNMO) basées dans les pays et de l'ensemble de l'équipe du CIR.
L'objectif premier de chaque récit d'impact, ainsi que de l'ensemble du catalogue, est d'adopter une approche journalistique en relatant l'implication du CIR dans les PMA au cours de la Phase Une et Deux. Le but est de fournir des informations pertinentes et de documenter les résultats et les impacts, ainsi que certains enseignements tirés du travail du partenariat du CIR dans les PMA. Ces récits ne fournissent pas une vue d'ensemble de tous les aspects de l'implication du partenariat du CIR, tels que les calendriers précis ou l'étendue exacte de la participation (c'est-à-dire les contributions financières). Ils constituent plutôt un moyen d'information parmi d'autres sur le travail du partenariat du CIR. Les lecteurs intéressés sont encouragés à compléter ces récits d'impact en consultant d'autres sources, notamment les Rapports annuels du CIR, les articles des Nouvelles de l'Aide pour le commerce, les canaux de réseaux sociaux du CIR et, le cas échéant, les UNMO dans les PMA ainsi que le Secrétariat exécutif du CIR.
Il est essentiel de reconnaître que les informations fournies ne sont ni exhaustives (par exemple, elles sont basées sur les dernières données disponibles au moment de la rédaction en 2023) ni de nature évaluative.
Enfin, bien que chaque récit d'impact adhère à une structure similaire, la diversité des pays, des contextes et des implications du CIR signifie que chaque histoire est unique.
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