Les pays les moins avancés (PMA) sont touchés de manière disproportionnée par les effets des changements climatiques, qui vont des tempêtes d'une extrême violence aux inondations côtières. Plus de deux tiers des décès liés aux catastrophes d'origine climatique dans le monde se sont produits dans ces pays. C'est pourquoi la durabilité environnementale est une question transversale qui se trouve au cœur du programme de renforcement des capacités commerciales du CIR. Non seulement l'environnement est une priorité transversale pour le CIR depuis le début de la phase deux, mais il est également intégré dans le plan stratégique du CIR. En outre, un indicateur a été établi pour garantir que la mesure de l'impact prenne en compte les dimensions environnementales.
Afin de s'assurer que les considérations relatives aux changements climatiques et à l'environnement soient prises en compte le plus tôt possible dans la planification, le CIR a publié un guide pratique pour l'élaboration des études diagnostiques sur l'intégration du commerce (EDIC).
En abordant les préoccupations environnementales au stade de l'EDIC, les PMA peuvent aisément intégrer ces considérations dans les processus de planification standard. La tendance consistant à prendre en compte les questions climatiques et environnementales dans les EDIC est de plus en plus courante. Par exemple, la mise à jour de l'EDIC de la Zambie consacre un chapitre entier au climat et au commerce.
Avec le temps, les considérations relatives à l'environnement et aux changements climatiques sont de plus en plus intégrées dans les travaux du CIR. En particulier, la collaboration avec l'Overseas Development Institute (ODI) et l'Institut international pour l'environnement et le développement (IIED) a permis de réunir les décideurs de manière à ce que l'architecture internationale du climat et du commerce soutienne mieux les efforts d'adaptation aux changements climatiques et d'atténuation de leurs effets déployés par les PMA. Il s'agissait notamment de réunir les responsables des négociations sur le commerce et le climat et d'élaborer des travaux de recherche axés sur les politiques dans les domaines du financement de l'action climatique, du transfert de technologie, des marchés du carbone et des normes en la matière.
Mobiliser le financement de l'action climatique au profit du commerce
Grâce au rôle catalyseur du CIR, de nouvelles possibilités se dessinent pour renforcer les liens entre l'Aide pour le commerce et le financement de l'action climatique. Le financement de l'action climatique lié au commerce est un domaine encore embryonnaire dans les PMA. Il est relativement courant pour les pays d'avoir des contributions déterminées au niveau national liées à des secteurs tels que la sylviculture ou l'agriculture pour faire face aux changements climatiques. Cependant, la Gambie a été la première à adopter une nouvelle approche pour accéder au financement de l'action climatique lié au commerce, grâce aux efforts déployés par le CIR conjointement avec des partenaires comme l'OMC et la Banque mondiale.
C'est la première fois qu'une activité de ce type est demandée par un PMA soutenu par le CIR et cela témoigne d'une prise de conscience accrue de l'impact des changements climatiques dans les PMA et du lien qui existe entre ces changements et le commerce.
Cette approche innovante a déjà suscité l'intérêt d'autres PMA, dont le Rwanda, la Sierra Leone, le Soudan du Sud et les Tuvalu, certains d'entre eux ayant déjà organisé des voyages d'étude à Banjul pour mieux comprendre la stratégie de financement de l'action climatique. Cette initiative a également permis de forger de nouvelles relations et de favoriser l'émergence de nouveaux réseaux au niveau ministériel. La Gambie a maintenant élaboré une proposition évaluée à plusieurs millions de dollars pour l'industrialisation verte par le biais de zones économiques spéciales et d'agropôles, qu'elle s'apprête à présenter au Fonds vert pour le climat, en collaboration avec des partenaires tels que la Banque africaine de développement.
Et tirer parti des solutions numériques pour le commerce et l'environnement
Les nombreux investissements en faveur du commerce numérique pour les PMA ont permis de prendre efficacement en compte certaines considérations environnementales. Par exemple, le projet du CIR au Vanuatu, qui consistait à soutenir la mise en place d'un système de guichet unique électronique, était une initiative stratégique visant à rationaliser les procédures commerciales, à réduire les obstacles au commerce et à stimuler la croissance économique. Cette initiative constitue également un exemple important de la manière dont les défis environnementaux dans les PMA peuvent être traités parallèlement au progrès économique.
Le projet s'est concentré sur l'amélioration de l'efficacité du mouvement des marchandises à travers les frontières, augmentant ainsi l'attractivité du Vanuatu en tant que destination pour le commerce international et l'investissement. Grâce à la possibilité de présenter les données douanières par voie électronique, à l'automatisation de diverses fonctions et à l'intégration des systèmes, le guichet unique électronique du Vanuatu a permis de réduire les temps nécessaires à la mainlevée, d'améliorer l'efficacité et de simplifier le processus commercial dans sa globalité.
Cette initiative a également permis de réduire de plus de 95% les transactions sur support papier, ce qui a conduit à une économie de 42 000 pages de papier par an pour le traitement des transactions commerciales. La numérisation des transactions a également permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre en faisant baisser de 25 000 le nombre de déplacements en véhicule des négociants qui se rendent dans les administrations. La mise en œuvre réussie du projet a permis au Vanuatu d'être le pays le mieux classé parmi les îles du Pacifique, selon une enquête de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie et le Pacifique.
Dans un effort de promotion de l'économie circulaire, le Rwanda a mis en place une installation de traitement des déchets électroniques en s'appuyant sur le soutien du CIR à l'élaboration d'une politique en matière de déchets électroniques. L'installation, administrée via un partenariat public‑privé, a permis de remettre à neuf 2 000 ordinateurs pour qu'ils soient réutilisés dans les écoles, et de recycler des matières plastiques et des métaux ne pouvant plus être réutilisés. Dans le cadre de cette installation, le pays importe des déchets électroniques en provenance des pays voisins et exporte des composants complexes pour transformation ultérieure.
Grâce à l'apprentissage croisé entre pays, d'autres PMA commencent à adopter ces initiatives vertes à effet catalyseur, entre autres. Il est nécessaire de mener ces initiatives à plus grande échelle, de continuer à en tirer des enseignements et de les dupliquer en débloquant des investissements privés et publics dans ces domaines.
Le CIR a investi dans plus de 100 initiatives axées sur l'environnement dans les PMA. On trouvera de plus amples renseignements sur ces investissements dans le dernier rapport annuel du CIR et dans les précédents, ainsi que sur la plate‑forme Nouvelles de l'Aide pour le commerce.
Cet article a été élaboré sur la base du Rapport annuel du CIR pour 2023 et des contributions écrites d'Andrew Aziz, à qui nous adressons nos remerciements. Nous remercions également nos collègues du CIR, y compris, entre autres, Fanan Biem, ainsi que Ratnakar Adhikari et à Adeline Masson pour leurs observations.
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