Ann Linde, Ministre du commerce extérieur suédoise de l'époque (aujourd'hui Ministre des affaires étrangères), parle de soutenir les exportations des pays en développement et de la nécessité de mettre fin aux inégalités entre hommes et femmes.
Dans une annonce récente, la Suède s'est engagée à verser 5 millions de dollars EU au Cadre intégré renforcé (CIR) afin de soutenir le commerce dans les pays les moins avancés (PMA). Pourquoi cela est il si important aujourd'hui?
En premier lieu, le gouvernement suédois est résolument engagé en faveur d'un commerce libre et équitable. Par ailleurs, nous soutenons fermement le système commercial multilatéral car nous avons conscience que le commerce est le principal moteur de la croissance mondiale, ainsi que de la réduction de la pauvreté. Cela signifie que le commerce est un moyen efficace de mettre en œuvre le Programme et les Objectifs de développement durable à l'horizon 2030, et il est par conséquent également d'une importance vitale de donner aux PMA la possibilité d'accéder à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et de participer au commerce multilatéral; c'est ce que fait le CIR et il s'agit d'un rôle central, et je dirais même stratégique.
Quels résultats attendez vous de ce soutien en faveur du commerce pour les PMA?
J'espère bien sûr que nous verrons davantage de pays en développement participer à l'OMC. Aujourd'hui, l'une des évolutions positives observées dans le cadre de l'OMC est l'accession d'un plus grand nombre de pays en développement. Tout récemment, on peut citer l'exemple du Libéria et de l'Afghanistan, et maintenant, d'autres pays comme la Somalie ou le Timor Leste souhaitent accéder. Je pense donc que le travail accompli par le CIR porte ses fruits.
La part des PMA dans le commerce mondial est inférieure à 1%. Que peut on faire pour améliorer ce chiffre?
Nous devons faire en sorte d'augmenter le niveau de l'Aide pour le commerce et défendre ce mouvement. Je pense que la Suède, en tant que partenaire fermement engagé en ce sens, doit parler aux autres pays de l'Union européenne (UE), notamment pour plaider en faveur de l'Aide pour le commerce. Mon gouvernement a lancé une nouvelle initiative intitulée Open Trade Gate Sweden, dans le cadre de laquelle la Direction générale suédoise du commerce extérieur prendra des mesures pour que les pays en développement exportent davantage vers la Suède. Nous les aidons à exporter vers notre pays, ce qui implique de développer le savoir faire sur les règles, sur la manière dont on exporte vers un pays de l'UE et sur le type de produits qu'il est possible d'exporter vers la Suède et l'UE. Nous essaierons en outre de soutenir concrètement des transactions commerciales, pas seulement en disant qu'elles sont possibles, mais en trouvant des importateurs en Suède et dans l'UE pour les réaliser. Ce faisant, on va plus loin dans le soutien au commerce.
L'autonomisation des femmes constitue une pierre angulaire du programme de votre gouvernement. Dans quelle mesure l'Aide pour le commerce aux PMA peut elle contribuer à cet objectif?
Nous savons que les femmes restent confrontées à des obstacles dans l'économie et qu'elles obtiennent de moins bons résultats que les hommes. Cette année, lors de l'Examen global de l'Aide pour le commerce, un très grand nombre de groupes de discussion et de réunions ont abordé cette question et mentionné des situations concrètes où les femmes n'ont pas les mêmes perspectives que les hommes. Par exemple, dans le cadre des formalités douanières, les femmes sont harcelées ou n'ont pas la possibilité de participer aux échanges. Plusieurs représentants de pays africains ont mentionné l'artisanat et les difficultés rencontrées dans ce cadre pour le passage en douane.
Nous essaierons en outre de soutenir concrètement des transactions commerciales, pas seulement en disant qu'elles sont possibles, mais en trouvant des importateurs en Suède et dans l'UE pour les réaliser. Ce faisant, on va plus loin dans le soutien au commerce.
Ann Linde, Ministre du commerce extérieur suédoise de l'époque (aujourd'hui Ministre des affaires étrangères)
Nous savons que réduire ces inégalités entre les sexes permettrait de réduire la pauvreté, et serait bénéfique pour les femmes et leurs familles. Il me semble qu'on constate une hausse du nombre de projets d'Aide pour le commerce qui mettent l'accent sur l'égalité hommes femmes, mais il est encore possible d'en faire plus. Depuis le début de l'Initiative Aide pour le commerce, environ 342 milliards de dollars EU d'aide au développement officielle ont été consacrés au financement de programmes et de projets commerciaux, et les PMA ont reçu un quart de cette somme.
Par ailleurs, une étude de l'OCDE a constaté que seule une faible part de l'Aide pour le commerce consacrée à la lutte contre les inégalités hommes femmes était utilisée pour des initiatives de politique commerciale et je pense que nous devons travailler sur cet aspect et en faire un pilier. Nous devons inciter les donateurs à allouer l'aide consacrée à la lutte contre les inégalités à des projets de politique commerciale. Dans bon nombre des groupes de discussion auxquels j'ai assisté ici, j'ai dit que pour bien faire, il nous fallait des données pertinentes, mais qu'il n'y avait pas de données désagrégées sur les femmes et les hommes. Même en Suède, nous disposons de telles données pour tout ce qui a trait au travail et à l'école, mais pas en ce qui concerne l'aide au développement.
Nous arrivons au terme de l'Examen mondial pour 2019. Quels aspects de votre expérience aimeriez vous souligner?
Lors de mon passage ici il y a deux ans, j'ai participé à un groupe de discussion sur le genre et j'avais dit espérer sincèrement que le prochain examen mettrait beaucoup plus l'accent sur ce sujet, et cela a été le cas. On peut ainsi citer tout ce qui a trait au lancement de cet ouvrage sur les femmes et l'élaboration des politiques [Women Shaping Global Economic Governance], plusieurs groupes de discussion sur différents aspects des inégalités entre hommes et femmes dans le cadre de l'Aide pour le commerce et, de manière générale, sur les femmes et le commerce, et sur la façon dont les pays développés et en développement peuvent collaborer pour intégrer les questions de genre.
Je dirais donc qu'il y a une grande différence entre l'examen de cette année et celui d'il y a deux ans, et c'est une bonne chose. Ce qui est moins bien, c'est qu'on ne compte ici que deux ministres de pays de l'UE, ou même de pays occidentaux, et je trouve qu'il devrait y en avoir davantage. Pour ma part, je parlerai à mes collègues ministres du commerce de l'UE et je leur dirai combien cela est important, et j'espère qu'ils seront plus nombreux lors du prochain examen. Je l'espère en tout cas.
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